L1 Cinéma Audiovisuel : Echange de cours
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CM Esthétique de l'image - Séance 6 - 22/03/11

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Maureen LEPERS


Elève dissipé.
Elève dissipé.

La part du spectateur à l’intérieur de l’œuvre

*La Vision de Saint Bernard de Cano
On distingue une distanciation entre les deux corps. Dans le même temps cependant, une structure en croix se dessine (du cardinal en amorce à la fenêtre par une ligne virtuelle, et du prêtre à Marie par la ligne dessinée par le jet de lait), dont le point d‘intersection est l‘obscurité de l‘église. Il s’opère également une mise en rapport des différents lieux de l’œuvre, mis en évidence par les lignes et les couleurs. Ce qu’il est intéressant de remarquer, c’est le dispositif visuel mis en place à l’intérieur de la représentation : le cardinal et l’enfant sont tous deux spectateurs de la scène. Les formes sur la gauche sont cassées, les lignes sont brisées, alors que les formes qui caractérisent Saint Bernard sont plus rondes et plus élancées. La séparation des deux espaces est annulée par le jet de lait, qui permet au Saint de s’ouvrir, et d’être enfanté (cf. amas organique des plis du tissu).

Rapprocher de distanciation : comment à partir d’une distance, il peut se créer des lieux de proximité? Comment le touché peut-il s’exprimer dans une autre forme?

*Annonciation, Titien
On est dans une double représentation : à la fois dans une Annonciation, et dans la désacralisation de la scène par le troisième personnage. On est véritablement dans un mouvement qui tend à délocaliser l’iconographie biblique vers le hors champ (cf. fleur de lys et Bible). Une certaine analogie formelle se crée entre Marie et l’Ange, dans le sens où ils sont tout les deux couverts d’un vêtement dont la couleur les rapproche. Outre la posture, qu’est-ce qui dans la mise en scène fait se rapprocher les corps? Du point de vue de la scénographie, les lignes de la frise créent dans un premier temps un entre deux qui vient rapprocher les deux personnages. Le regard du spectateur, tourné vers la Vierge, est sollicité par la diagonale. Le troisième personnage est intensifié par son regard (on ne distingue que sa tête sur un corps amorphe). La mise en scène tend à désacraliser la scène en érotisant la figure de Marie (cf. plis du tissu + main sur le sein : en se couvrant, la Vierge suggère la chair). Les mains de la Vierge surgissent de sous les plis du vêtement et donnent corps et consistance au regard, qui semble la toucher des yeux. Elles trahissent également le désir de l’Ange de la toucher.

*La mort de la Vierge, Le Caravage
Ici, à l’intérieur de l’espace, des spectateurs sont représentés. Ils assistent à un drame à l’intérieur de la scène et sont comme une médiation de notre propre regard sur l’œuvre. Il démultiplient les regards sur la découverte du corps mort. Plusieurs espaces sont intéressants à identifier : d’abord, l’espace constitué par le cadavre, qui crée une sorte de rectangle. On distingue un immense rideau rouge au dessus des spectateurs, qui reprend au point de vue chromatique la robe de la Vierge, et réplique de fait une présence en dehors de son corps. Le drapé semble relativement lourd et touche presque les personnages qui regardent le corps. Ce rideau donne une présence à une matière qui serait au dessus d’eux, et qui serait à même de les toucher : ce rouge dramatise autre chose.

Après le rapprocher de distanciation, il s’agit aussi de comprendre la dialectique entre regarder et être regardé.

*Piéta, Delacroix
Le rapprocher se réalise dans le contact. Le Christ mort crée une forme presque étrangère. On voit comment il s’opère une identification entre le corps de la Vierge et celui de son fils, crucifié. Il y a presque une confusion organique, comme si les jambes du Christ prolongeaient le corps de la Vierge.

*Les époux Arnolfini, Jan Van Eyck
Le miroir duplique la scène. Il s’opère par là même une identification du spectateur avec le peintre, qui se reflète dans le miroir. Il ne s’agit plus d’inscrire un espace clôt, mais de concevoir la peinture comme une surface entièrement réfléchissante (cf. le facingness de Fried). L’espace se prolonge dans le miroir, en dehors du champ de représentation pour inscrire un imaginaire qui se poursuit, et relayer à la fois la présence de l’artiste et du spectateur.

*Un bar aux folies bergères, Manet
La scène ne se déroule pas tant au premier plan que dans la profondeur du miroir, et donc du spectateur. Michael Fried essaie de théoriser l’art par cette conception de l’espace. Il parle de théorie de l’absorbement : penser que le spectateur n’est pas exclu de ce qu’il voit, mais fait partie de l’espace pictural qui se réalise.

*Le Balcon, Manet (et réinterprétation de James Wall)
Peindre des personnages qui ne sont plus dans une action, mais dans une image temps. Ils sont spectateurs à eux seuls d’une scène que l’on ne voit pas. Sujet de la représentation délocalisé de l’intérieur de la toile vers l’extérieur, vers le spectateur de l'oeuvre, qui devient alors acteur ou spectateur du drame.

*La Liseuse, Vermeer
Absence suggérée par la lettre est mis en scène par l’intermédiaire de la fenêtre ouverte, et dont on ne distingue pas le champ.

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