Selon Diderot, « L’œil doit apprendre à voir comme la langue doit apprendre à parler ». Cependant, il n’y aurait pas d’analyse sans une praxis de la description. Toute démarche analytique est un travail d’ouverture de l’œuvre. Selon Barthes, « Commenter pas à pas, c’est par force renouveler les entrées du textes, c’est éviter de le structurer de trop, de lui donner ces suppléments de structure qui lui viendraient d’une dissertation et le fermeraient ». Selon D. Arasse, « Avec le temps, avec la durée, avec le fait de revenir, peu à peu les couches de sens, de réflexion, de méditation du peintre apparaissent. La peinture soulève un pan et peu à peu, une intimité se fait ». Lorsque l’on regarde une œuvre d’art, celle-ci ne se livre pas dans son évidence ; il y a un certain temps avant que l’œuvre ne parvienne au spectateur. C’est ce qui fait dire à Blanchaud : « L’œuvre est l’attente de l’œuvre ».
I/ Première dialectique : qu’est-ce qui fait le mouvement à travers l’œuvre?
*Le Festin d’Hérode, Cranach
Salomé ici apporte la tête de Jean Baptiste au roi Hérode. Lorsqu’on analyse l’œuvre, on distingue une forme de trapèze formée par la table blanche, qui vient mettre en abyme Salomé, au premier plan, mais également la tête de St Jean Baptiste. Comment s’exprime le mouvement à l’intérieur de l’œuvre? Comment voir que l’œuvre porte en elle les moments dramatiques qui l’ont précédée ? On distingue un certain nombres de redondances formelles à l’intérieur de la toile, notamment une certaine circularité (plateaux, arrondis des verres et des formes des personnages). Le cercle s’inscrit dans une dynamique particulière : les formes se répondent ; les plateaux croulent tout deux sous le poids des mets qu’ils transportent. Les personnages sur la droite : on ne distingue que la tête du personnage juste derrière le plateau, coupée par le chapeau rouge => inscription du mouvement de la décapitation de Jean Baptiste. Genèse de la dramaturgie de l’œuvre.
*Mars et Vénus surpris par Vulcain, Le Tintoret.
Dynamique du mouvement dans l’image fixe. Mise en abyme de la scène dans le miroir, qui ne retranscrit pas exactement ce que l’on voit. Ouverture vers une autre temporalité : ce qui va se passer après, ou ce qui s‘est passé précédemment.
*Les larmes amères, Fassbinder
Illusion d’un corps avec deux têtes.
*Photogramme de Dogville, Lars Von Trier
Picturalité de l’image. Plateau scénographique construit comme une image plane. L’image met en perspective l’inscription Elm Street (Rue de l’Orme qui dans L’Enéide, borde les Enfers). Le plateau de Dogville raconte donc, spatialement, quelque chose d’un précipice.
II/ Deuxième dialectique : ce qui relie l’horreur et la beauté.
*Judith tenant la tête d’Holopherne, Jan Metsys
Judith nue, blanche, tient la tête d’Holopherne qu’elle vient de trancher. Si elle est nue, c’est que quelque part elle est arrivée à le séduire. Elle a usé de sa nudité pour arriver à ses fins.
*Vénus endormie, Giorgione
Le beau fonctionne généralement de paire avec des éléments beaucoup plus perturbants. Au niveau de la scénographie, la posture du corps est assez étrange. Le bras droit disparait derrière la tête, créant l’illusion qu’il se prolonge dans le bras gauche. La naissance même de Vénus est prise dans un contexte d’horreur (cf castration du père).
III/ Troisième dialectique : comment l’œuvre porte en elle ce qui n’est pas représenté => jeu entre le champs et le hors champs.
*L‘invention du dessin, Joseph Benoit SUVEE.
Selon Pline l’Ancien, la première image nait d’une histoire de séparation. Une femme voit son amant partir, et décide avant qu’il ne s’en aille, de dessiner le contour de son ombre sur le mur. Quelque chose se joue dans cette représentation au niveau des ombres. On est dans la formation d’une masse obscure, de telle façon qu’on ne peut percevoir les limites du corps de l’un et de l’autre. Les deux se confondent. A mesure que l’on regarde, on a aussi l’impression que le profil que dessine la jeune femme n’est pas tant le profil de son amant, mais le sien. Voir disparaitre son amant, c’est pour elle, craindre de disparaitre à son tour.
Dès lors, ce qui fonde l’image, c’est l’absence. Cependant, il faut aussi voir en quoi il est également impossible de combler l’absence d’image. Une analyse n’est jamais embrasser l’œuvre dans sa totalité.
I/ Première dialectique : qu’est-ce qui fait le mouvement à travers l’œuvre?
*Le Festin d’Hérode, Cranach
Salomé ici apporte la tête de Jean Baptiste au roi Hérode. Lorsqu’on analyse l’œuvre, on distingue une forme de trapèze formée par la table blanche, qui vient mettre en abyme Salomé, au premier plan, mais également la tête de St Jean Baptiste. Comment s’exprime le mouvement à l’intérieur de l’œuvre? Comment voir que l’œuvre porte en elle les moments dramatiques qui l’ont précédée ? On distingue un certain nombres de redondances formelles à l’intérieur de la toile, notamment une certaine circularité (plateaux, arrondis des verres et des formes des personnages). Le cercle s’inscrit dans une dynamique particulière : les formes se répondent ; les plateaux croulent tout deux sous le poids des mets qu’ils transportent. Les personnages sur la droite : on ne distingue que la tête du personnage juste derrière le plateau, coupée par le chapeau rouge => inscription du mouvement de la décapitation de Jean Baptiste. Genèse de la dramaturgie de l’œuvre.
*Mars et Vénus surpris par Vulcain, Le Tintoret.
Dynamique du mouvement dans l’image fixe. Mise en abyme de la scène dans le miroir, qui ne retranscrit pas exactement ce que l’on voit. Ouverture vers une autre temporalité : ce qui va se passer après, ou ce qui s‘est passé précédemment.
*Les larmes amères, Fassbinder
Illusion d’un corps avec deux têtes.
*Photogramme de Dogville, Lars Von Trier
Picturalité de l’image. Plateau scénographique construit comme une image plane. L’image met en perspective l’inscription Elm Street (Rue de l’Orme qui dans L’Enéide, borde les Enfers). Le plateau de Dogville raconte donc, spatialement, quelque chose d’un précipice.
II/ Deuxième dialectique : ce qui relie l’horreur et la beauté.
*Judith tenant la tête d’Holopherne, Jan Metsys
Judith nue, blanche, tient la tête d’Holopherne qu’elle vient de trancher. Si elle est nue, c’est que quelque part elle est arrivée à le séduire. Elle a usé de sa nudité pour arriver à ses fins.
*Vénus endormie, Giorgione
Le beau fonctionne généralement de paire avec des éléments beaucoup plus perturbants. Au niveau de la scénographie, la posture du corps est assez étrange. Le bras droit disparait derrière la tête, créant l’illusion qu’il se prolonge dans le bras gauche. La naissance même de Vénus est prise dans un contexte d’horreur (cf castration du père).
III/ Troisième dialectique : comment l’œuvre porte en elle ce qui n’est pas représenté => jeu entre le champs et le hors champs.
*L‘invention du dessin, Joseph Benoit SUVEE.
Selon Pline l’Ancien, la première image nait d’une histoire de séparation. Une femme voit son amant partir, et décide avant qu’il ne s’en aille, de dessiner le contour de son ombre sur le mur. Quelque chose se joue dans cette représentation au niveau des ombres. On est dans la formation d’une masse obscure, de telle façon qu’on ne peut percevoir les limites du corps de l’un et de l’autre. Les deux se confondent. A mesure que l’on regarde, on a aussi l’impression que le profil que dessine la jeune femme n’est pas tant le profil de son amant, mais le sien. Voir disparaitre son amant, c’est pour elle, craindre de disparaitre à son tour.
Dès lors, ce qui fonde l’image, c’est l’absence. Cependant, il faut aussi voir en quoi il est également impossible de combler l’absence d’image. Une analyse n’est jamais embrasser l’œuvre dans sa totalité.