Cours n°3
8/03/2011
8/03/2011
Mise en relation de deux formes de textes: un entretien et des notes
Les conceptions de Bresson sont très cohérentes et donc elles se retrouvent facilement dans les entretiens qu'il accorde .Souvent, ses interviews sont sous contrôle, relus par lui, et corrigés, précisés . De ce fait, parfois, on a l'impression de réponses écrites et , dans certains entretiens ( pas celui ci ), ses réponses sont exactement mot pour mot certaines notes de ses écrits théoriques .
Ex: 60's, il accorde un entretien controlé et , en 75, il publie ses notes qui sont mot pour mot les réponses qu'il donnent . Bresson avait tellement était insupportable qu'il a voulu voir les questions et lui a écrit les questions auxquelles il allait répondre .
On peut ici percevoir les échos suivants :
Recouper les passages surlignés de l'interview de Bresson par Godard avec des passages de ses écrits .
Bresson peu lecteur de romans : « Je lis peu de romans » cf 31
Essai de ne pas se disperser:« si je puis dire, car j'essaie toujours de ne pas me disperser » cf 1
« la petite fille fille la plus maladroite, la moins actrice, la moins commédienne » cf.2,(3) ,8,18,19,(24)
Le rôle de découvreur:« J'essaierais de tirer d'elle tout ce qu'elle ne soupçonne pas que je tire » cf. 3
« Et ce n'est pas de la psychologie » (chez les personnages) cf. 23
« Par ce que l'inconnu se découvre et ne se trouve pas » cf. 33
« On trouve d'abord on cherche ensuite » cf. 17
« Il faut peindre » cf. 6, 27 ,37
Conclusion:
L'entretien témoigne d'une véritable irrigation théorique de la part de Bresson .
Deux aspects sont ici particulièrement valorisés: le refus du jeu théâtral pour un acteur et la dimension picturale ( importance du recours à la peinture ).
Cela prouve, au dela de la cohérence de la pensée de Bresson, que des formes littéraires très différentes peuvent décliner les mêmes arguments théoriques tout en touchant un public différent .
Exploitation du roman de Bernanos: la recherche du visuel dans le romanesque .
1èr extrait
Une impression de décousu dans la pensée de Mouchette donne lieu à une fragmentation de la misère: pas d'enchainement linéaire des images, prolifération de celles-ci= infinité de misère .
=Cela rejoint bien les conceptions de Bresson : Ne pas tout donner à voir mais faire imaginer à partir de détails tout un environnement (la main plus que le corps)
L'alternative mourir ou être une dame montre que le romancier à un soucis de l'image pour traduire sa pensée ( elle ne peut pas imaginer la mort ( abstrait), aussi inaccessible que de devenir une grande dame(visuel) ), d'où l'enthousiasme de Godard et Bresson car c'est le contraire de la psychologie, de l'analyse mentale . Voir suffit pour comprendre .
2ème extrait
Le caractère visuel et lié ici à l'abondance des verbes d'action, à leur accumulation et à leur dépouillement (manque d'adverbe qui renforce la violence) .
La violence est manifestée à la fois par la relation entre les êtres mais aussi à travers le corps de Mouchette elle même (gorge,dents...).
L'aspect sonore très limité ( pour Bresson, le vide et le silence sont important) qui renforce le visuel .
3ème extrait
Ici, effet de gros plan sur la main, rappelant les gros plans de Bresson et sa façon d'isoler des parties du corps ( fragmentation) .
Là encore, la psychologie est contournée: le malaise se traduit par l'impression d'avoir un corps qui ne lui appartient plus, d'où la haine .